Lettre ouverte à monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire

 

Monsieur le Ministre,

Nous allons mourir et nous le savons.

Nous allons mourir en tant qu’entrepreneurs car il est impossible de faire prospérer une entreprise avec seulement des charges, des taxes et des intérêts à payer…

Nous allons mourir et vous le savez.

Nous allons mourir parce qu’en tant que très petites entreprises, nous sommes presque invisibles, mais ensemble, notre mort créera un grand vide, celui de l’absence de près de 98% des entreprises françaises…. Cela doit bien représenter quelque chose pour un gouvernement si entrepreneurial ?

Avez-vous entendu les nombreux cris d’alarmes et constats qui chaque jour font la une des journaux, illustrent les images de nos télés, les sons de nos radios «en cette période de fêtes…» ?

… Les fêtes de fin d’année représentent traditionnellement un pic d’activité cruciale : le secteur du jouet y réalise près de 30% de son chiffre d’affaires annuel sur cette période. Les boulangeries-pâtisseries (23%) ; les poissonneries et cavistes (14%), les librairies, parfumeries et bijouteries (16%), les magasins de textiles (13%), d’habillement, de chaussures et articles de cuirs (10%). Ainsi, à l’issue de ces 13 mois durant lesquels les consommateurs ont été repoussés hors des centres villes, empêchés de circuler pendant deux mois de décembre consécutifs de fortes perturbations, 63% des commerçants et artisans de proximité s’inquètent pour la survie de leur outil de travail dans les 3 à 6 prochains mois.

Avant que vous nous posiez la question, sachez que oui, tout ce qui pouvait être fait en interne (baisse de la rémunération du chef d’entreprise, apport de fonds personnels, négociations de délais de paiement avec les fournisseurs, abandon de nouvelles embauches, non renouvellement de CDD,…) a déjà été réalisé, optimisé, rationnalisé pour tenir jusqu’en décembre 2019.

Mais après ? Mais demain ?

Précisons également que les établissements bancaires ne viendront pas au secours de nos TPE devenues « à risque » si ce n’est éventuellement, pour les « plus chanceux » sous forme de découverts accompagnés de frais et agios démesurés, équivalant aux montants à couvrir, qui ne feront que les enfoncer un peu plus.

Le premier ministre dans sa dernière déclaration soulignait l’attention portée par son Gouvernement et lui-même au sort des entreprises commerciales et artisanales de proximité…

Or Monsieur le ministre l’attention n’est plus de mise, il nous faut aujourd’hui de l’action

Il est temps encore de mettre en place un vrai plan Marshall pour les entreprises commerciales et artisanales de proximité qui se matérialiserait par le déblocage d’un fonds d’indemnisation national d’urgence, évalué à 600 millions d’euros selon le SDI, venant compenser les pertes désormais irréversibles liées aux mouvements sociaux de l’année 2019

Monsieur le Ministre, sauvez-nous. Offrez-nous de l’air, cet oxygène vital nous permettra de reprendre des forces et de retrouver la santé.

Se faisant, nous les 98% de ceux qui constituent le tissus économique de notre pays, pourrons dynamiser les centres-villes, créer du lien social, créer des emplois… Un ministre de l’économie est de tous le meilleur en calcul. Vous comprendrez alors aisément que nous sommes cruciaux à l’activité économique de notre pays, acteur de sa croissance et premier recruteur de France.

Si nous allions mieux avec les garanties de votre soutien, nous pourrions recruter chacun au moins une personne : ce sont près de trois millions de chômeurs qui sortiraient alors de vos listes de demandeurs d’emploi. Quel beau bilan politique ce serait !

Oui Monsieur le Ministre nous mourons. Sauvez-nous !

Marc SANCHEZ
Secrétaire Général du Syndicat des Indépendants

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