Alors que les débats sénatoriaux battent leur plein sur la réforme des exonérations de cotisations sociales accordées aux entreprises, l’avenir reste incertain pour nos TPE.
Certes, le Sénat a écarté hier la proposition du gouvernement visant à réduire drastiquement les allégements de charges au niveau du SMIC – un dispositif dont bénéficient largement nos très petites entreprises. Cependant, il a maintenu, voire aggravé, la suppression des exonérations au-delà de 2,05 SMIC d’ici 2026.
Si cette décision préserve temporairement l’emploi au niveau du SMIC, elle n’offre qu’un répit de courte durée à nos entreprises, alors que l’économie française entre dans une zone de turbulences majeures.
Dans ce contexte, il est profondément regrettable – et pourrait-on dire irresponsable – que cette crise économique, budgétaire et politique ne soit pas l’occasion pour nos élus de poser les vraies questions :
Pouvons-nous encore financer notre protection sociale principalement par des cotisations sur les salaires, qui représentaient 492 milliards d’euros en 2022 ?
Si non, notre organisation du temps de travail – annuel, mensuel, hebdomadaire – est-elle adaptée pour préserver ce modèle social en déclin ? À ce sujet, des dispositifs tels que la journée de solidarité supplémentaire ou les 7 heures de travail « gratuit » imposées chaque année à nos salariés ne sont que des solutions précaires, inefficaces et peu ambitieuses.
La réalité est claire : nos TPE ne demandent pas à être soutenues par des allégements de charges. Elles préfèreraient évoluer dans un environnement économique où elles n’auraient pas besoin d’aides conditionnées par des critères draconiens et des démarches administratives complexes.
Ce ne sont pas nos entreprises qui sont « dépendantes » des exonérations. Ce sont les pouvoirs publics eux-mêmes qui se reposent sur ces mécanismes pour masquer un système fiscal et social à bout de souffle, incapable de supporter des prélèvements qui, dans leur pleine application, seraient insoutenables.
Pourtant, la racine du problème reste inchangée : le poids démesuré de nos dépenses publiques. Au lieu d’affronter cette réalité, le choix semble toujours être d’alourdir la charge sur les petites entreprises, en augmentant les recettes plutôt que de réduire les dépenses.
Il est grand temps de changer de cap. Nos dirigeants doivent cesser de stigmatiser les acteurs économiques que l’on sollicite sans cesse pour combler les déficits. Nous devons nous attaquer aux véritables causes de ces déséquilibres et refonder un modèle économique plus juste, plus efficace et plus durable.
Le moment est venu de repenser le cadre fiscal et social français pour garantir un avenir où nos TPE pourront prospérer sans être étranglées par des prélèvements toujours plus lourds.