Propositions du SDI pour une réforme du droit du travail applicable aux TPE
Enquête du SDI réalisée du 23 février au 02 mars 2016 – 970 réponses de chefs d’entreprise de moins de 20 salariés
73,62% des TPE favorables à la modulation du temps de travail
Avec des carnets de commande en accordéon, doublés d’un temps de travail borné entre un minimum de 24H et un maximum de 35H, les TPE expriment un besoin de flexibilité dans leur organisation.
Exemple : La boucherie charcuterie traditionnelle interdite d’aménagement du temps de travail
Mme D. est gérante d’une boucherie en Côte d’Or qui comprend 6 salariés. Mme D. et l’une de ses salariées sont d’accord : cette dernière, employée à 39h/semaine, préfèrerait travailler moins sur les mois d’hiver et plus sur les mois d’été.
C’est une opportunité pour Mme D, l’hiver étant une période en peu plus creuse. La proposition consisterait à travailler 161h/mois en hiver (contre 169) et, en contrepartie, 177h/mois en été. La salariée conserverait une rémunération lissée à 169h/mois tout au long de l’année.
Cette modulation accordée à une seule personne, même à sa demande, est impossible : la loi ne l’autorise pas et la convention collective applicable est entièrement muette sur la question de l’aménagement du temps de travail.
82,33% des TPE favorables au plafonnement des indemnités prud’homales
Les Conseils de Prud’hommes constituent clairement la bête noire des professionnels indépendants.
Face à une législation sociale complexe, à des procédures juridiques et judiciaires qu’ils ne maîtrisent pas, et au constat d’un taux de condamnation en première instance de 70%, les chefs d’entreprise souhaiteraient au moins disposer d’une évaluation précise de leur risque.
Effet moyen pour une TPE de l’application du barème de plafonnement des indemnités prud’homales selon le projet de loi El Khomri dans sa version du 3 mars 2016
Ancienneté | Barème | Coût net moyen pour une TPE |
Moins de 2 ans | 3 mois de salaire | 6690€ |
De 2 ans à moins de 5 ans | 6 mois de salaire | 13380€ |
De 5 ans à moins de 10 ans | 9 mois de salaire | 20070€ |
De 10 ans à moins de 20 ans | 12 mois de salaire | 26760€ |
Plus de 20 ans | 15 mois de salaire | 33450€ |
Base = 2230€ brut – Salaire moyen dans les TPE en 2008 (source DARES Août 2011)
92,91% des TPE favorables à la fixation de critères clairs du licenciement économique
Il en tire ses revenus et les moyens de subvenir aux besoins de sa famille.
Qu’il soit entrepreneur individuel ou sous forme de société, l’ensemble de ses biens personnels est engagé par le jeu des cautions.
En d’autres termes, si l’entreprise ferme ses portes, son dirigeant se retrouve entièrement démuni.
Il est en conséquence important que le responsable de TPE puisse disposer de critères objectifs clairs et facilement applicables lui permettant de mesurer son risque dans l’hypothèse où il serait contraint à engager des procédures de licenciement économique.
Aujourd’hui, une entreprise ne peut procéder à un licenciement économique que pour deux motifs : une cessation d’activité ou une mutation technologique.
Elle peut également invoquer une réorganisation nécessaire à la sauvegarde de l’entreprise, mais il faut alors prouver qu’elle est en péril.
Cette dernière situation constitue invariablement pour une TPE le seuil de la liquidation judiciaire, liquidation qui ne manquera pas de survenir au moment du versement des indemnités liées au licenciement économique.
85,74% des TPE favorables à la mise en place de cellules dédiées dans chaque branche professionnelle
- 94% des entreprises en nombre ne disposent pas d’institutions représentatives du personnel en interne pour négocier des assouplissements aux dispositions législatives ou conventionnelles de branche au niveau de leur entreprise
- les responsables de TPE sont farouchement opposés à toute ingérence syndicale, patronale ou de salariés, dans l’entreprise
Contrairement à ce qu’indique le projet de loi El Khomri, le but n’est pas que les branches aient une simple « obligation de moyen » à cet égard, mais une obligation de résultat.
93% des TPE favorables à la mise en place d’un code du travail adapté à leurs spécificités
Les responsables de TPE ne rejettent pas le principe du code du travail, mais le constat d’un code du travail truffé de règles, de conditions, de dérogations et sous-dérogations qui le rendent incompréhensible.
Au mieux, ils souhaiteraient pouvoir disposer d’un corpus de règles simples et accessibles, auxquelles tant eux-mêmes que leurs salariés pourraient se référer.
PROPOSITIONS DU SDI Pour une réforme du droit du travail applicable aux TPE
Proposition 1 : La mise en place de « cellules TPE » au sein de chaque branche professionnelle
85,74% d’opinions favorables
Ces cellules seraient en charge d’adapter à ce segment d’entreprises les règles dérogatoires à la loi négociées au niveau des conventions collectives.
Article 29 du Projet de loi El Khomri
« Un accord de branche étendu peut contenir, le cas échéant sous forme d’accord type indiquant les différents choix laissés à l’employeur, des stipulations spécifiques pour les entreprises de moins de cinquante salariés.
L’employeur peut appliquer cet accord type à travers un document unilatéral indiquant les stipulations qu’il a retenues ».
L’amendement du SDI à l’article 29 du projet de loi El Khomri
« Un accord de branche ne peut être étendu que lorsqu’il comprend des stipulations spécifiques pour les entreprises de moins de vingt cinquante salariés étendu peut contenir, le cas échéant sous forme d’ assorties d’un accord type indiquant les différents choix laissés à l’employeur. des stipulations spécifiques pour les entreprises de moins de cinquante salariés.
L’employeur peut appliquer cet accord type à travers un document unilatéral indiquant les stipulations qu’il a retenues ».
Proposition 2 : La reconnaissance constitutionnelle des TPE
A long terme, cette reconnaissance est indispensable pour bâtir une législation sociale spécifique aux TPE, conformément à la décision du Conseil Constitutionnel en date du 5 août 2015.
Proposition 3 : La mise en place d’un cadre législatif dédié de la législation sociale, clair et directement applicable aux TPE
Les TPE ont besoin de disposer d’une source de droit fiable, claire et stable.
Au constat de l’inaction des partenaires sociaux dans l’élaboration de règles adaptées aux TPE dans le cadre des branches professionnelles, il revient au législateur d’intégrer un volet TPE dans chaque texte lié à la législation sociale.
Ces différents textes feront l’objet d’un Livre dédié dans le code du travail, voire d’un code du travail à part entière.
Ils formeront une référence vers laquelle les professionnels indépendants pourront se tourner, dans l’attente ou en l’absence d’éventuels aménagements négociés au niveau des branches.