Le résultat de la dernière enquête du SDI sur la hausse généralisée des salaires est sans appel : 69% des entrepreneurs individuels et dirigeants de TPE indiquent qu’ils ne pourront pas suivre le mouvement. Non pas par refus d’augmenter les salaires, mais par incapacité d’en assumer les charges afférentes.
De fait, les TPE sont en grande majorité encore convalescentes d’une crise sanitaire inédite par son ampleur.
Or, sans même avoir commencé à rembourser leurs 7Mds€ de charges sociales reportées ni leurs 51Mds€ de PGE, elles doivent d’ores et déjà faire face à la hausse historique des prix des énergies et des matières premières.
Les TPE sont prises au piège de négociations salariales nationales qu’elles ne maîtrisent pas.
Car le problème est bien là : les organisations professionnelles en charge des négociations représentent des entreprises qui ont déjà une politique salariale en décalage avec les moyens des TPE et ne seront que marginalement touchées par des évolutions qui impacteront ces dernières de plein fouet.
Il est aujourd’hui question de revalorisation des bas salaires alors que, selon l’INSEE, les salaires nets des employés et ouvriers ont plus augmenté en 2018 que la moyenne des 20 années précédentes. Ce pouvoir d’achat a continué de croître en 2020 lorsque les rémunérations des indépendants et dirigeants de TPE se sont effondrées à tel point que le SDI est intervenu dans le cadre du PLFSS 2022 pour en neutraliser les effets délétères sur leurs droits sociaux.
La pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs tels que le CHR ou le bâtiment est structurellement connue depuis des années avec pour causes principales l’absence totale de candidat(e)s ainsi que le déficit de candidat(e)s formé(e)s. Mais la question de la formation, notamment initiale, est une réflexion d’une autre ampleur qui bouscule beaucoup trop d’habitudes et d’intérêts.
Ainsi, dans la dernière étude BPILab du 17 novembre 2021, la question du niveau de rémunération arrive en 5ème position des freins à l’embauche ! Ce n’est pas illogique : lorsqu’un chef d’entreprise recherche du personnel, il connait l’état du marché et a en conséquence budgété son embauche. Dans ces conditions, la question du salaire demandé comme frein à l’embauche est presque un non sens.
Il est certes plus simple d’accuser les niveaux de rémunération. Cela dit, si nos entreprises n’ont plus les moyens d’embaucher et renoncent à créer des emplois, le gouvernement pourra toujours dire qu’il a résolu le problème des emplois non pourvus. Restera toujours néanmoins le problème du chômage…
Le SDI est la seule organisation professionnelle à porter ce message à l’heure où les organisations patronales du secteur CHR entament des négociations en annonçant déjà 9% d’augmentation des salaires !