Les économistes qui s’intéressent au temps de travail n’intègrent jamais celui des chefs d’entreprise.
En conséquence, seuls les salariés sont concernés, pour certains par une augmentation du temps du travail, pour d’autres par une diminution d’un temps global de travail qui serait partagé entre plus de personnes.
Dans un premier temps, il faut s’entendre sur ce que recouvre la notion de « temps de travail ». Elle peut s’entendre :
- Sur toute la population en âge de travailler (on parle alors plus de volume global de travail), ce qui se décline en :
- Tranches d’âge ;
- Taux d’emploi (nombre de personne ayant un travail / population en âge de travailler) ;
- Quantité de travail total sur la durée de la vie professionnelle (quantité modifiée notamment selon l’âge de départ en retraite) ;
- Sur la population déjà au travail, ce qui peut se décliner en :
- Temps de travail hebdomadaire, mensuel ou annuel ;
- Part de travail à temps partiel.
En tout état de cause, mis à part sur le temps partiel, la France est en dehors des clous en matière de temps de travail, quelle que soit la définition :
- En tranche d’âge :
- Sur les 15 ans – 24 ans : nous avons atteint ces dernières années la moyenne européenne grâce aux subventions massives captées par les grandes entreprises en passant de 400.000 à 1 million d’alternants.
- Le taux d’emploi des 60 ans -64 ans est de 38,9% en France contre 50,9% en moyenne européenne.
- En temps de travail :
- Celles et ceux qui travaillent à temps plein en France sur la tranche 15 ans – 64 ans travaillent 3 semaines de moins par an que la moyenne européenne.
Les pouvoirs publics préfèrent jouer la carte du long terme (favoriser l’emploi subventionné des jeunes et des séniors, reporter l’âge de la retraite) plutôt que risquer une contestation sociale massive en s’attaquant à la durée du travail des personnes déjà en emploi comme le propose le SDI.
Pourtant, travailler plus maintenant ne présente que des avantages dans l’urgence de court terme que nous vivons :
- Plus de production ;
- Plus de pouvoir d’achat ;
- Plus de cotisations sociales.
Par ailleurs, concrètement, selon l’institut Rexecode, sur une carrière, travailler 3 jours de plus (par an !) produit le même effet sur l’économie que reporter de 8 mois la date de départ en retraite. C’est peut-être à réfléchir.
Ne vaut-il pas mieux travailler 3 jours de plus par an pour gagner 8 mois d’âge de départ en fin de carrière ?
Pour en rire (ou en pleurer), convertissons cela du point de vue d’un indépendant. Selon la très officielle DARES rattachée au Ministère du travail, un indépendant travaille 2151h/an contre 1549h pour un salarié.
Ce qui donne un différentiel de 602h/an soit 86 jours de 7h. Dans ce cas, l’effet correspond non pas à un report de 8 mois de l’âge de départ en retraite mais un report de 19 ans, soit un départ à l’âge de 45 ans au lieu de 64 ans pour nos indépendants.