Réaction du SDI – 8 octobre 2025
Suspendre ou geler le passage de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans, c’est envoyer le pire signal possible à l’économie réelle. Pour Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) : « Cette marche arrière n’est pas seulement incompréhensible politiquement: elle est économiquement dangereuse, dans un pays déjà fragilisé par une baisse persistante de sa productivité. Elle illustre une fois de plus la déconnexion totale de nos gouvernants dans le seul objectif d’intérêts partisans. Les leurs comme ceux de leurs interlocuteurs ».
Une France qui perd du terrain
Selon la Banque de France, la productivité du travail en France est inférieure de près de 8,5 % à sa tendance pré-COVID – un décrochage inédit par rapport à ses voisins européens. Pendant que l’Allemagne et les Pays-Bas regagnent du terrain, la France s’enfonce dans un modèle où l’on travaille moins, sans produire mieux. Dans ce contexte, revenir sur l’âge de départ à la retraite relève de l’absurde : cela revient à réduire la durée d’activité alors même que le pays produit déjà moins qu’avant.
Renoncer à l’effort collectif, c’est renoncer à l’avenir
Revenir sur le relèvement de l’âge de départ, c’est acter un renoncement collectif. Ce n’est pas en travaillant moins que l’on sauvera les retraites et plus largement les finances publiques.
Pour le SDI, « l’urgence n’est pas de faire marche arrière, mais de libérer la productivité en levant les freins structurels – au premier rang desquels le carcan des 35 heures ».
La priorité doit être donnée à la souplesse du travail : modulation, négociation de branche, adaptation locale… bref, travailler davantage et mieux, au lieu d’empiler les contraintes.
Pour les TPE, un moratoire serait une claque d’impuissance
Pour les très petites entreprises, ce recul symboliserait l’impuissance politique : elles s’adaptent, investissent, modernisent – pendant que l’État recule au premier vent social. Ce signal d’instabilité supplémentaire s’ajouterait à un climat déjà pesant pour des dirigeants qui manquent de visibilité et d’oxygène économique.
Une facture lourde pour les finances publiques
Enfin, suspendre la réforme, c’est aussi creuser mécaniquement le déficit du système de retraite, estimé à plusieurs milliards d’euros par an, et fragiliser la Sécurité sociale, déjà sous pression. À terme, la facture retombera sur les cotisants — salariés comme employeurs – via une hausse des prélèvements ou une baisse des prestations.
Photo illustrant la ministre démissionnaire de l’Education et ancienne Première ministre Elisabeth Borne à Paris, le 5 février 2025 © Ludovic MARIN