Alors que l’Assemblée nationale a, une nouvelle fois, avancé l’entrée en vigueur du congé supplémentaire de naissance au premier janvier deux mille vingt-six, rien n’est stabilisé : le Sénat défend toujours deux mille vingt-sept et aucun décret n’est publié. Une réforme censée promouvoir l’égalité parentale demeure donc techniquement impréparable pour ceux qui devront l’appliquer concrètement.
Encore une fois, les TPE sont sommées de s’adapter à des décisions prises dans l’urgence, sans visibilité opérationnelle ni outils pour organiser le fractionnement, les remplacements ou l’évaluation des coûts. Le dispositif semble pensé pour les grandes entreprises dotées de services RH, pas pour des structures où une absence de plusieurs semaines représente vingt pour cent à trente pour cent de l’effectif et peut désorganiser l’activité du jour au lendemain.
Et surtout, la réforme ignore totalement les chefs d’entreprise eux-mêmes, pourtant parents comme les autres. Aucune indemnité spécifique, aucune solution de remplacement, aucune égalité réelle. Une politique familiale ne peut être juste si elle ne s’applique qu’aux salariés et oublie ceux qui portent l’entreprise.
Pour les responsables de TPE, trois garanties sont indispensables pour éviter que la mesure ne devienne une nouvelle charge impossible à absorber :
• Neutralité de trésorerie, sans aucune avance de salaire demandée aux entreprises.
• Souplesse organisationnelle, avec un fractionnement réellement adaptable aux cycles d’activité.
• Prise en compte explicite des dirigeants, aujourd’hui exclus du dispositif.
Sans un cadre clair, des garanties financières et un accompagnement adapté, l’allongement du congé pourrait provoquer : une surcharge pour les équipes restantes, y compris le chef d’entreprise, une hausse des coûts de remplacement, des retards ou pertes de clientèle, une dégradation de la trésorerie.
Les TPE ne peuvent absorber seules une réforme aussi lourde, aussi floue et aussi éloignée des réalités du terrain. Une égalité parentale durable ne sera possible qu’avec un dispositif réellement accessible à toutes les familles et soutenable pour toutes les entreprises.