Jugé « non-essentiel » durant les périodes de confinement, le commerce de proximité s’est au contraire révélé durant la crise sanitaire comme un lieu incontournable de lien social.
Une dévitalisation des centres-villes accélérée par la crise sanitaire
En 2018, seul un tiers des centres-villes étaient placés sous la barre symbolique des 10 % de vacance commerciale contre la moitié en 2015.
L’urbanisme commercial en question
La politique nationale de revitalisation des centres-villes concrétisée par le lancement en 2018 du dispositif « Action Cœur de Ville » est restée sans effet quant au développement des mètres carrés commerciaux de périphérie, première cause de déséquilibre entre les différentes formes de distribution physique. De fait, 65 des 80 communes Action Cœur de Ville les plus touchées par la déprise du commerce de proximité de centre-ville, ont accepté des implantations ou agrandissements de grandes surfaces de périphérie en 2018-2019.
L’impact de l’accélération du développement du e-commerce
Le e-commerce représentait 9,8% du commerce de détail en 2019, il en représente aujourd’hui 13,4%, soit 112Md€.
Les éléments de concurrence jugée déloyale par les commerces de proximité
Les problématiques essentielles des commerçants au regard des opérateurs du e-commerce relèvent des politiques promotionnelles permanentes (French Days, Amazon Prime Days, Ventes privées, Anniversaires, Black Fryday,…) ainsi que de régimes fiscaux inéquitables, et moins de l’existence même de cette forme de distribution.
La digitalisation des commerces de proximité
Les professionnels qui ont développé une forme de « digitalisation » l’ont fait dans leur écrasante majorité sous forme de présence sur les réseaux sociaux de type Facebook ou Instagram. Il s’agit certes d’un premier pas, loin encore de pouvoir concurrencer l’ergonomie, l’indexation et la facilité d’utilisation des sites internet des pure players.
Les baux commerciaux : un piège plus qu’une protection pour les locataires
La relation contractuelle entre bailleurs et locataires est particulièrement déséquilibrée à la lumière de ces éléments et il conviendrait d’accorder plus de pouvoirs de négociation aux locataires, ce qui contribuerait par ailleurs à diminuer le prix des loyers commerciaux.
Propositions
- Une priorité pour l’implantation de tout nouveau commerce en centre-ville et non en périphérie.
- Un moratoire sur l’agrandissement des surfaces commerciales de périphérie, au moins dans les secteurs des villes moyennes et petites qui souffrent d’un taux de vacance commerciale élevé.
- Une animation commerciale de centre-ville, des conseils et analyses sur les éléments d’attraction de la clientèle gérés par des professionnels (managers de centre-ville).
- Une fiscalité adaptée :
- Différencier la fiscalité de périphérie et celle de centre-ville, notamment en ce qui concerne la CFE ;
- Soumettre à la TASCOM les entrepôts de VAD non adossés à un commerce physique).
- Règlementer les promotions.
- Développer des markets places au niveau des Régions (compétence économique) à destination des commerces de proximité.
- Développer une formation aux usages numériques pour les artisans et commerçants.
- Interdire la répercussion de la taxe foncière sur le locataire.
- Supprimer la faculté de caution solidaire de 3 années du précédent locataire en cas de cession de bail.
- Autoriser la résiliation annuelle du bail commercial par le locataire, au moins sur les 3 premières années.