Parmi une liste pléthorique de problèmes à régler lors de cette rentrée économique, le futur gouvernement sera tenu de résorber un déficit budgétaire abyssal qui menace de placer la France sous contrainte de Bruxelles.
- Notre système de protection sociale ploie sous l’augmentation des dépenses maladie nonobstant les effets d’une éventuelle annulation de la réforme des retraites.
- Nombre de salariés et de non-salariés éprouvent des difficultés à finir le mois :
- 17% des salariés sont au salaire minimum ;
- 47% des non-salariés se versent une rémunération inférieure au SMIC ;
- Le niveau de défaillance des entreprises se dirige vers un pic historique jamais atteint au cours des trente dernières années ;
- Le niveau des prélèvements obligatoires est parmi les plus élevés d’Europe sinon du monde.
Face à ces faits, chacun avance sa solution avec la certitude binaire de détenir la seule vérité possible : augmenter encore les prélèvements obligatoires et donc les recettes pour les uns, diminuer les dépenses pour les autres.
Il est donc toujours possible, comme l’a fait chaque gouvernement depuis des décennies, de rogner, raboter, élimer, voire taxer en vue de présenter une trajectoire de rétablissement des comptes publics immanquablement repoussée à plus tard et dans les faits jamais atteinte.
La seule alternative alors consiste en des coupes budgétaires sous réserve que l’Armée, la Justice, la Police, la Culture, la Santé, la transition écologique, l’Enseignement, le Sport, puissent les assumer sans vaciller.
Parmi ces propositions mises en œuvre alternativement depuis les années 1980, il existe un sujet que nous ne pouvons plus ignorer : celui de la durée légale du travail.
Augmenter la durée du temps de travail, exempte de énièmes dépenses sociales et fiscales, conduirait à :
- Augmenter le revenu des salariés et donc leur pouvoir d’achat ;
- Améliorer la compétitivité et la croissance des entreprises ;
- Répondre au déficit de main d’œuvre pour certains secteurs ;
- Augmenter le rendement des cotisations sociales, des impôts et taxes ce qui contribuerait à renforcer notre protection sociale et combler notre déficit public.
Depuis les lois Aubry, nous sommes passés de l’émancipation par le travail à l’émancipation du travail en lui-même avec en dernier lieu le développement de la notion d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Si tel est notre choix de société, ce qui semble être le cas depuis quelques années, alors nous devons l’assumer dans toutes ses dimensions et constater que notre modèle social, essentiellement fondé sur les cotisations liées au travail, est à bout de souffle et appelé à disparaître. Nous devons alors de même assumer que nos services publics seront à brève échéance au bord de la rupture, les recentrer sur quelques fondamentaux régaliens et laisser le reste au secteur privé.
En résumé, en travaillant moins, nous devons accepter de facto l’augure d’un modèle néo-libéral.
A contrario, dès lors que nous souhaitons conserver une protection sociale et des services publics de haut niveau, nous devons prendre conscience que leur gratuité a un prix, à savoir celui de notre travail et plus précisément de notre temps de travail.
Car si la France est championne d’Europe des prélèvements obligatoires, elle est aussi, selon Eurostat, en queue de peloton s’agissant de la durée effective annuelle moyenne de travail des salariés à temps complet. Notre déficit sur ce sujet avec l’Allemagne est de 3 semaines de temps de travail.
Pour autant, s’attaquer au totem de la durée légale du travail n’est pas fondamentalement nouveau. La proposition a déjà été évoquée dans un rapport du sénateur Albéric de Montgolfier en 2016 et plus récemment par François Bayrou en 2023. Nicolas Sarkozy et son fameux « travailler plus pour gagner plus » s’y était essayé avec un certain succès, à ceci près que les heures concernées étaient nettes de charges sociales et fiscales.
Nous sommes donc à la croisée des chemins. Si nous souhaitons pérenniser notre modèle social et aider notre économie à remonter une pente bien raide, il est donc grand temps d’ouvrir ce débat !
Retrouvez notre revue de presse : Une rentrée d’incertitudes et d’inquiétudes pour les patrons.
Une réponse
Je suis parfaitement d’accord avec cela
Aussi, il est très étonnant que cette idée ne soit jamais évoquée : par aucun des partis politiques, même chez LR, ni par la presse, ….
À t’on peur à ce point des échéances électorales ??